Mesure (musicale) : secrets intimes…

14 juin 2020 0 Par Sophie M.

Vous avez dit “solfège” ?  On me répond : “En pratique, ça va me servir à quoi ?”

Vous dites “mesure” ? … “Pfff… Je n’ai jamais compris quel pouvait bien être le lien entre la mesure et le morceau que j’apprenais”.

> Pourtant, la mesure est le relief qui révèle le sens musical. Autant dire que c’est une part importante de l’expressivité… alors ? Il est temps de comprendre de quoi il en retourne !

Dans cet article :

I – La mesure musicale : première approche de “la Bête”…

1 – En gros, qu’est-ce que la mesure ?

Mesure, définition courante :

truc que les apprentis musiciens ignorent (au mieux) ou exècrent (au pire) parce que, franchement, à quoi ça sert ??!

Mais bon… comme toujours, les profs (de musique, comme les autres) ne sont jamais d’accord avec les définitions courantes de leurs élèves. Allez comprendre !

Laissez-moi vous montrer leur point de vue et commençons par l’utilité la plus visible et la plus mise en avant de la mesure (car pour de vrai, elle en a une d’utilité, et même 3 !).

La « mesure », c’est évident, vous connaissez parfaitement :

  • (blague) c’est quoi le plus lourd ? Un kilo de plumes ou un kilo de plomb ?

  • (recette de cuisine) verser 1 tasse de carottes pour 2 tasses de farine.

  • (travail) j’ai 5 jours de boulot pour 2 jours de repos

  • etc, etc.

La mesure, c’est un truc qu’on prend comme référence pour nous permettre de comparer des choses entre elles…

  • la référence du kilo pour comparer des poids,

  • la référence de la tasse pour comparer des volumes,

  • la référence du jour pour comparer des « temps »,

  • etc, etc…

Alors en musique ? C’est la même idée ! (Mais bizarrement, un mot qu’on connaît très bien dans le quotidien devient étonnamment incompréhensible quand il est utilisé dans un autre domaine… !)

La mesure musicale est la référence pour comparer des tranches de « temps qui passe »…

Ou, comme dit la définition de tous-au-piano.com :

« la mesure permet de découper un morceau (comprenez : une œuvre musicale) en « portions » de temps équivalents. »

J’en entends certains soupirer… « humm ? Oui… Et donc… c’est utile ça ? »

Oh que oui !

2 – Concrètement, la mesure a d’abord une utilité visuelle.

Les blanches, les noires, les rondes, les croches et les croches pointées et les triolets, bref (il y en a trop pour tout citer)… Vous savez que le rythme utilise tout un tas de dessins différents pour représenter des longueurs de sons différentes, si bien qu’assez vite, ne serait-ce que visuellement, on peut perdre les pédales et ne plus savoir où on en est.

     Alors ?

Alors l’avantage des mesures sur une partition, c’est que ça fait des « cases » puisqu’on met des barres verticales qui coupent la portée et montrent ainsi les frontières de chacune. Du coup, les notes se retrouvent « rangées », comme par paquets, puisqu’on voit toutes celles qui font partie de la même mesure dans la même case !

     Qui est-ce qui disait qu’une mesure ça ne sert à rien ?

Même si ça n’a pas vraiment été pensé pour ça (et que l’essentiel n’est pas là non plus), l’organisation visuelle des notes par cases (grâce aux mesures et à leurs barres), ça aide bien les yeux à s’y retrouver déjà ! Et qui dit confort visuel et rapidité de lecture, dit sacré avantage pour être performant.

      Merci la mesure !

Cela dit, il est temps de passer à des considérations, enfin… à des utilités, plus importantes.

II – La mesure musicale,  un des outils nécessaires pour structurer le temps…

1 – La mesure musicale pour attraper le “temps qui passe”…

En fait, quand un prof vous explique avec enthousiasme que « la mesure (musicale) permet de découper la musique en portions de temps égaux », vous ne vous en rendez peut-être pas compte mais il touche au nerf de la guerre, enfin… au nerf de la musique : la relation entre le « temps de la musique » et le « temps qui passe ».

Ce que j’appelle le « temps qui passe », c’est ce temps insaisissable et invisible dans lequel nous vivons. Le principal problème qu’il nous pose, c’est qu’il nous échappe et c’est pour ça qu’à défaut de le sentir nous-même, en direct, on a inventé toutes sortes d’outils pour le mesurer (en secondes, en minutes et en heures avec les horloges par exemple… pour le découper en tranches de temps toutes égales !!!  ;-)). Ça nous donne l’impression de pouvoir l’attraper.

Or la musique est ce qu’on appelle un « art temporel », elle se crée et se déroule avec lui, en lui : le temps de la musique se superpose au temps qui passe.

Mais comment faire coïncider les deux avec précision (et non au petit bonheur la chance) ? Comment faire pour caler le temps de la musique dans le temps qui passe de façon structurée et reproductible à volonté !? … Grâce, entre autres, aux « mesures » (comme la mesure à « 2/4 » ou la mesure à « 6/8 ») !

Reprenons un peu plus avant : dans cette logique, on pourrait dire que les « temps » (musicaux cette fois ! Comme dans : 1 temps = 1 noire) sont un peu l’équivalent des minutes : une unité de durée assez courte et facilement utilisable.

Mais, de même qu’on a régulièrement besoin de plus grande précision et qu’on bascule à l’unité des secondes, en musique aussi il est souvent utile de passer à la subdivision (c’est à dire à l’unité de durée plus petite, qui divise généralement le temps musical en 2, en 3 ou en 4)…

Et bien sûr, l’inverse est aussi vrai : on a tout autant besoin de compter régulièrement par quart-d’heure au lieu de penser en minutes, ce qui, dans le domaine musical, revient à penser en mesures ! … des paquets plus gros regroupant 2, 3 ou 4 temps dans un seul ensemble.

1 bis – Intermède : pourquoi temps et mesures sont-ils des outils plus adaptés à la musique que les secondes et les minutes ?

C’est habituellement le moment où les élèves se lamentent « non mais c’est compliqué ! Pourquoi on n’a pas gardé en musique le système des secondes et des minutes qu’on connaissait déjà ? »

Vaste sujet qui déborde trop du cadre de cet article, mais pour répondre en quelques points pratiques :

  1. Pensez-vous qu’on pourrait jouer avec une montre collée à la partition ? Parce que c’est un fait : vous (comme n’importe qui d’autre), tout seul, sans l’aide de la petite aiguille, vous n’êtes pas en capacité de savoir exactement ce que ça dure, une seconde !

  2. Et puis comment ferait-on si une note devait durer 1 seconde et 34 centièmes ??? Ce serait impossible à calculer non ?! Or des notes avec des durées toutes biscornues comme ça, ça arriverait forcément ! Parce que…

  3. … pour servir toute la palette expressive de la musique, impossible de se contenter uniquement de notes qui feraient toutes 1 ou 2 secondes pile !

  4. Alors que, grâce au « temps » (… celui qu’on bat avec la pulsation) et à la mesure, on se paye le luxe de garder la régularité des secondes et des minutes (ce qui permet de se repérer et de compter le temps qui passe !), mais avec un super avantage en plus : on peut adapter leur durée réelle à nos besoins (ceux de la musique), à nos ressentis (de musicien), sans se préoccuper d’un chronomètre insensible et rigide !

2 – La mesure a une utilité rythmique 🙂

En espérant que vous entrevoyez l’idée, revenons donc à nos moutons. L’intérêt des mesures ? Vous faire des tranches de temps qui passe, toutes égales…

    Et ? … Et oui c’est utile !

Vous savez bien que le principe du rythme, c’est que les blanches, les noires, et tout ça (les différentes longueurs de sons) fonctionnent par équivalences : additionner le temps que durent deux noires revient au même que le temps que dure une blanche ; ou encore, dans le temps que dure une ronde, on peut mettre les 8 temps que durent 8 croches ; etc…

Or comme l’un des intérêts de la musique, c’est sa variété rythmique : la plupart du temps, tous ces rythmes (et donc tous leurs dessins) sont mélangés ! Un vrai bazar !

Mais ! Grâce à la mesure, on peut être sûr que tout ce qu’on voit entre les deux barres fait, quand on additionne le tout, le même temps que tout ce qu’on voit dans la mesure d’à côté : une sacrée aide pour mettre de l’ordre dans ce fouillis de durées :-))

… Et même mieux ! Quand on sait déchiffrer les chiffres cabalistiques qui sont au début de la partition (le chiffrage), on sait à l’avance quelle équivalence de durée on va trouver dans chaque mesure !

III – Enfin le vrai secret à savoir sur la mesure musicale !

La mesure… ? Si vous avez bien retenu les précédentes explications, vous pourriez dire : « découpage mathématique du temps qui passe, utile pour organiser le temps de la musique et décoder rapidement les rythmes ».

Bravo, c’est bien. Mais, avouons-le, c’est super …ennuyeux (!). On est loin des passions, de l’expressivité de la musique qui nous emportent dans des tourbillons d’émotions, nous entraînent dans des mondes fougueux, romantiques, rêveurs, inquiétants, dansants, infinis…

Allez… vous voulez une (très) bonne nouvelle ? La mesure, ce n’est PAS ennuyeux ! C’est un des ingrédients magiques qui créent cette passion musicale, qui créent ce mouvement irrésistible qui nous emporte dans les tourbillons d’émotions et compagnie. Ah ! Vous ne vous y attendiez pas à celle-là ! Mais oui, comprendre la mesure, c’est se mettre à l’unisson du cœur de la musique et c’est ce que je vais essayer de vous expliquer maintenant, à l’aide d’une petite histoire préliminaire !

1 – Chaque monde a son propre rythme : les petites sirènes vs les humains ;-))

Si on compare la vie des hommes et celle des petites sirènes (!) on constate que nous avons beau vivre sur la même planète… nos vies sont quand même très différentes.

Pour schématiser, nous, les humains, nous nous activons à peu près pendant 12 heures et ne bougeons plus les 12 heures suivantes, avant que le cycle ne recommence. Normal : on ne peut pas ignorer le rythme jour / nuit dans lequel nous vivons.

Et puis, sur nos 12 heures d’activités journalières, la première (aïe ! le réveil) est dans une énergie basse, les 3 suivantes montent en flèche et sont très énergiques, l’heure qui suit le repas fait comme un trou, celles de fin de journée sont tranquilles et calmes… bref ! Toutes nos heures font 60 minutes chacune, mais toutes nos heures ne sont pas de la même « qualité »… et on ne peut pas franchement faire autrement puisque ce cycle énergétique est lié aux rythmes physiologiques de notre corps (les cycles de digestion, de production d’hormones, etc.).

Et les petites sirènes alors ? Et bien les petites sirènes, elles, s’activent seulement 6 heures avant de se reposer les 6 suivantes…

Ah bon ???

Bah oui, la lumière ne rentre pas dans les profondeurs marines, donc on se fiche de savoir s’il fait jour ou nuit. Par contre, ce qui est sensible, c’est l’histoire des marées montantes et des marées descendantes !

Et puis, comme nous, dans leurs 6 heures d’activité, les petites sirènes font tout un tas de choses. Par contre, en ce qui les concerne, la 1er heure d’activité explose brutalement d’énergie, la 2e et la 3e redescendent tout doucement jusqu’au très calme avant de recommencer le cycle. Et n’allez pas croire qu’elles ont le choix non plus : pour elles aussi, les différentes « qualités » de leurs heures sont intimement liées à leurs rythmes physiologiques. Mais puisqu’elles se nourrissent de plancton, et que leurs hormones et compagnie sont des hormones de sirènes… forcément, cela influence leurs cycles d’énergie autrement que chez nous. 😉

2 – Au delà des apparences… l’ADN secret de la mesure musicale.

Qu’est-ce donc que cette histoire nous dit ?

Cela nous dit qu’en apparence, les hommes et les sirènes fonctionnent sur le même modèle : ils partagent la même planète, ils utilisent le système des heures pour compter le temps, ils alternent des périodes d’activité et des périodes de repos dans leur vie, etc… Mais imaginez un humain qui parte vivre au monde des petites sirènes : il serait complètement perdu ! Il ne comprendrait rien de rien ! (Ce qui serait tout aussi vrai dans l’autre sens, si une petite sirène voulait retrouver son prince charmant sur la terre ferme ;-)). Parce que pour vraiment comprendre le rythme des sirènes (ou des humains), il faut comprendre et faire sien les cycles d’énergie qui façonnent ce rythme, ces variations qui colorent, modèlent tout ce qu’elles font.

     Alors, le lien avec les mesures ?

Comme dans notre histoire, en apparence, une mesure ou une autre, toutes fonctionnent sur le même modèle :

→ elles appartiennent toutes au même monde-Musique,

→ elles se servent toutes du système des « temps musicaux » pour organiser leurs activités,

→ elles travaillent toutes de la même manière en regroupant de façon régulière des groupes de temps,

→ et elles sont toutes animées par un tas d’activités qui consistent à porter des sons longs, des sons courts… c’est à dire, toutes sortes de rythmes.

Mais quand on en reste là, on oublie l’essentiel : les cycles d’énergie qui les traversent, qui façonnent différemment chaque temps de la mesure en question, qui contraignent les rythmes qui s’y trouvent… et qui font que malgré les apparences, chaque type de mesure est un monde très spécial, unique, aussi différent des autres mesures que le monde des sirènes est différent de celui des Hommes !

Alors qu’à l’inverse, si on accède à ce mouvement secret, à cet ADN énergétique de la mesure, on découvre toutes les qualités propres à chaque temps et on rentre dans une sorte de danse qui éclaire toute la construction interne de la musique ! La mesure est le relief qui révèle le sens musical.

J’espère bien qu’à ce niveau là, vous êtes en train de rêver… Et que de mon côté, je vais être capable de transformer votre rêve en réalité : partons à la découverte des différents monde-mesures :-))

3 – Illustration sonore…

Une façon radicale pour se rendre compte de la différence entre une musique interprétée “sans mesure” (c’est à dire sans tenir compte de l’énergie qu’une mesure impose) et une “avec mesure”… consiste à comparer un même morceau de musique joué par une machine qui ne prend pas en compte cet ADN énergétique (ici, musescore) et la version d’un grand artiste…

Ecoutez vous-même !

  • Dans la première version (désolée pour la qualité du son), la machine s’applique à donner exactement la même “énergie” à chaque note. On ne sent aucun relief, aucun mouvement ! Même du Chopin devient insupportable 🙁
  • Version 2, Horowitz, pardonnez du peu… l’un des plus grands pianistes 🙂

C’est une question “d’interprétation”  ? Oui tout à fait, et c’est la mesure qui, entre autres, guide et nourrit l’interprétation… !

IV – Et dans la vie, ça se danse comment une mesure musicale ?

En fin de compte, une définition bien plus intéressante de la mesure (mais qu’on ne trouve jamais nulle part !), ça pourrait être :

« Mouvement (cyclique) qui structure la musique grâce aux différentes qualités d’énergie qu’elle lui imprime ».

(et là, normalement, comme vous avez tout suivi, cette phrase d’apparence terrible vous est tout à fait et facilement compréhensible, n’est-ce pas ?)

Mais bon, encore plus intéressant qu’une définition intéressante, c’est ce que ça veut dire dans la pratique ! Et pour ça…. ?

1 – Etape 1 : sentir et s’approprier les “différentes qualités d’énergie” qui traversent la mesure musicale 🙂

Pour ça on commence par l’étape 1 : sentir et s’approprier les « différentes qualités d’énergie » !

Les « différentes qualités d’énergie » principales et fondamentales sont au nombre de 3.

  1. Il y a d’abord la phase d’accumulation d’énergie.

    Vous vous souvenez de vos cours de saut en longueur à l’école ? La phase d’accumulation, c’est le moment de la course, de l’accélération. Ou si vous pensez au tir à l’arc, ce serait quand vous préparez votre arc.

  2. On a ensuite le moment crucial de l’élan final, ce moment où nos réserves d’énergie sont au summum de leurs capacités et nous permettent de nous projeter vers notre objectif.

    Cela correspond à l’appui du pied d’appel, l’impulsion qui vous propulse dans les airs pour votre saut en longueur ; ou au bras qui tend la corde de l’arc jusqu’à son seuil d’élasticité…

  3. … pour enfin relâcher, atteindre, atterrir, donner : une énergie qui explose mais, ce faisant, se vide aussi.

    Quand les pieds touchent enfin terre après le vol plané du saut ; quand le bras relâche finalement la corde et fait fuser la flèche…

    … on sent bien que c’est fort, que c’est le moment le plus important de toute l’histoire, et pourtant c’est aussi un aboutissement après lequel « on n’a plus rien en stock » : on a atteint la cible et suite à ça il faut recommencer à accumuler de l’énergie. Vous voyez ?

Évidemment, dans le feu de l’action, toutes ces étapes s’enchaînent, et (pour finir dans les comparaisons sportives) en réalité on « rebondit » d’une énergie à l’autre. Mais avoir une conscience nette de chaque étape reste un travail essentiel au départ (et qui correspond aussi au mode d’entraînement des sauteurs, des tireurs, et d’une façon générale des sportifs !).

Il me semble qu’on sent particulièrement bien cet enchainement d’énergies aux qualités variées dans les valses. Ici, le célèbre Danube Bleu de J. Strauss fils.

2 – Etape 2 : comment l’énergie organise la mesure musicale !

Bien sûr il s’agit maintenant de faire le lien entre les différentes qualités d’énergie et la mesure !

> Dans une mesure, ces différentes énergies se répartissent sur les temps : les temps « forts », et les temps « faibles ».

     A votre avis ?

Le temps fort, c’est le niveau d’énergie 3, le moment où on donne tout, où on lâche toute l’énergie accumulée : le temps fort est le moment important qu’on vise… et dans une mesure, c’est toujours le 1er temps !

Et les temps faibles… c’est tous les autres ! Même si, à mon humble avis, le nom de « temps faible » est malheureusement un nom un peu réducteur puisque finalement, dans cette histoire, le temps faible peut en réalité avoir 2 qualités d’énergie sensiblement différentes (soit la qualité d’énergie 1, soit la qualité d’énergie 2 !).

     Donc dans une mesure à 2 temps par exemple, on a :

  • Temps no 1 = temps fort
  • Temps no 2 = temps faible (et là, la phase d’accumulation de l’énergie (phase 1) se mélange avec la prise d’élan final (phase 2)).

     Dans une mesure à 3 temps par contre, on a :

  • Temps no 1 = temps fort
  • Temps no 2 = temps faible (accumulation de l’énergie).
  • Temps no 3 = temps faible (prise d’élan finale)

Ok, ok !

3 – Y aurait pas comme un problème ?

Maintenant, en voyant ça, si j’étais à votre place il y a quand même une question que je me poserais… : comment on peut « tout donner » sur le 1er temps quand on commence un morceau ? Pour lâcher toute son énergie, encore faut-il en avoir pris au préalable, et si c’est le début, je n’ai pas eu le temps de prendre quoi que ce soit non ?! (humm… ? est-ce que c’est une question que vous vous étiez posée ça ?)

Eh bien vous avez raison de faire cette remarque ( 😉 !!) et c’est en partie pour ça que les musiciens prennent du temps de silence avant de se lancer dans la musique : même si ça ne se voit pas ou que ça ne s’entend pas encore, il se mettent déjà en harmonie avec les cycles d’énergie de la mesure, et ce, AVANT de commencer à jouer la moindre note.

Sacha Guitry aurait dit : « le silence qui suit Mozart, c’est encore du Mozart »… et moi je vous dis : « le silence qui précède toute musique doit déjà être de la musique » (peut-être que je serai célèbre un jour aussi avec cette citation ! 😀 ou qu’elle a déjà été dite par un grand artiste mais que je ne le sais pas encore… 😕 ).

4 – Remarquez qu’il y a tout de même des subtilités !

C’est donc un fait (validé par la physique d’ailleurs !) : pour investir un premier temps, pour qu’il reçoive l’énergie nécessaire à le rendre “fort” (temps fort) il faut avoir accumuler de l’énergie avant.

Mais j’ai aussi dit qu’en réalité on « rebondit » d’une énergie à l’autre et parfois, ces rebondissements deviennent tels qu’on ne sait plus trop dire si ce sont les temps faibles qui mènent au temps fort, ou si c’est le temps fort qui engendre les temps faibles…

Dans cette interprétation du prélude pour violoncelle de Bach, on sent plus les temps faibles comme la suite, l’écho, ce qui découle du temps fort… que comme une prise d’élan qui y conduit.

Quoi que… ?

C’est bien là la beauté de la rencontre entre un être humain et la musique : notre complexité plus sa richesse, ça donne un arc-en-ciel de subtilités dans la façon de réaliser le mouvement profond de la musique (donc de la mesure) !

5 – Vous lisiez ? et bien dansez maintenant ! 🙂

Allez, je finis en vous expliquant comment initier ce travail chez vous sans transformer votre salon en piste de saut en longueur (ce qui ne serait pas donné à tout le monde).

→ DANSEZ vos mesures !

Le principe : un temps fort doit correspondre à un grand pas qui déplace tout votre corps, un temps faible à un petit pas qui bouge peu.

     Par exemple, pour une mesure à 2 temps :

  • un grand pas à droite / le pied gauche rejoint le pied droit (mais ne prend pas le poids du corps pour pouvoir repartir)

  • un grand pas à gauche / le pied droit rejoint le pied gauche (mais ne prend pas le poids du corps pour pouvoir repartir)

  • etc…

     Ou pour une mesure à 3 temps :

  • un grand pas à droite / le pied gauche rejoint le pied droit (et cette fois prend bien le poids du corps) / le pied droit marche sur place

  • un grand pas à gauche / le pied droit rejoint le pied gauche (de nouveau, prend le poids du corps) / le pied gauche marche sur place

  • etc.

Et n’oubliez jamais : un mouvement n’est vraiment efficace que si vous avez conscience de ce que vous faites ! Soyez dans le ressenti de vos déplacements, de vos qualités d’énergie, et n’oubliez pas de mettre la bonne intention en fonction du numéro de temps (temps fort, temps faible d’accumulation, temps faible de prise d’élan) !

Musiques et tutos de danse pour vous entrainer ! 😀

Le 2 (4) temps (pas trop vite) :

  • une musique (ne prendre que jusqu’à 2 minutes)
  • un tuto de “branle double” (danse du Moyen Age), qui correspond à la mesure à 4 temps

Le 3 temps rapide :

  • une musique
  • un tuto de valse, qui correspond à la mesure à 3 temps

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