Les vibrations au fondement de la musique !

2 février 2022 0 Par Sophie M.

Ah ! Les vibrations… ! J’avoue, c’est l’un de mes sujets de prédilection : c’est tellement important et pourtant tellement ignoré, tellement essentiel au musicien et à la musique, et pourtant tellement peu connu et maîtrisé.

Mais voilà, puisqu’ici on cherche à changer les choses, je suis très heureuse de pallier cette lacune en vous présentant cette notion fondamentale 🙂  🙃

Les vibrations : pourquoi ?

Vous le savez, la vibration, c’est le son… or, que fait le musicien, à part jouer avec les sons, les sculpter, les organiser, les enchainer ?

Si on prend le temps d’y penser, tout ce qu’on apprend pour devenir musicien revient, in fine, à apprendre comment guider, nuancer, nourrir, placer, représenter (et j’en passe) … la vibration ! Logique : c’est notre matière première, notre ingrédient de base, notre matériau de travail.

Pensez-y : peut-on imaginer un menuisier qui n’apprenne pas à sentir la qualité de son bois, à apprécier la structure de sa matière première ? Peut-on imaginer un peintre qui ne développe pas son expertise des textures, l’appréciation de ses matériaux de base ?

Parce que, bizarrement, en musique, j’ai l’impression que très peu de professeurs (que ce soit en instrument, ou en solfège !) apprennent aux élèves à sentir, à connaître, à écouter leur matière première : la vibration et toutes ses subtilités.

Oh, bien sûr, on entend :

  • “écoute ton son, il doit être plus rond…”
  • “Plus aigu là, plus aigu le son !”
  • “Fais un son plus doux…”
  • etc…

Oui, d’accord, mais ça, c’est le résultat ! 

> Rond, doux, aigu, c’est la façon dont on réussit (ou pas !) à transformer notre matière première, à la modeler, à la remanier.

Le problème, c’est que, si on ne connait rien (ou pas grand chose) à l’essence de notre matériau de base, à sa structure, à sa façon de bouger, de fonctionner, à toutes ses possibles qualités… comment agir efficacement dessus ? Comment savoir ce qu’il faut faire pour atteindre le “plus doux”, le “plus rond”, ou le “plus aigu” ?

La vibration : comment ça marche ?

Commençons par rappeler que la vibration, c’est ce que j’aime appeler une “danse de molécules”... et que chaque type de vibration a son propre type de “danse” !

Une fois déclenchée (par un archet  qui frotte une corde comme au violon, par de l’air qui passe à travers un petit trou comme à la clarinette ou à la voix, par une baguette qui tape sur une peau comme au tambour, etc…) cette danse se transmet, de proche en proche, à toutes les molécules alentour : la vibration se répand.

Le truc, c’est que certaines molécules sont plus enclines à faire la java que d’autres !

Par exemple, les molécules de l’air sont de vraies fêtardes, comme les molécules du bois : c’est très facile de les inviter au bal ! Par contre, les molécules de caoutchouc ou de laine, wouhh… c’est pas super facile à faire bouger.

Du coup, vous comprenez pourquoi vos instruments sont majoritairement en bois ou en métal ? Et pourquoi leurs formes sont pensées pour épouser l’air, l’embrasser, le pénétrer ?!

Mais dites, et vous ? Avez-vous conscience que vous devriez faire partie des instruments ?

La vibration et le musicien…

Oui ! Dans le “monde musique”, nous avons tendance à oublier que nous aussi, nous devenons un élément de “matière à vibrer” de l’environnement, nous aussi nous nous transformons en un maillon de la chaine qui participe (ou non) à la transmission de la danse du son à travers l’espace… et aujourd’hui, je voudrais commencer par vous expliquer “comment” on peut devenir de la “BONNE” matière à vibrer !

Parce que, contrairement aux instruments de musique, notre corps, lui, n’est pas uniquement façonné à partir de matières premières hyper sensibles aux vibrations et, pour corser l’affaire, il n’utilise pas, non plus, exclusivement des types de fonctionnement qui aident à la diffusion et à l’amplification de ces vibrations !

En effet, qu’est-ce qui vibre le mieux en nous ? Les os ! La preuve, les tous premiers instruments de musique, c’était… des bouts de fémur évidés transformés en flûtes (des os !), des tibias qu’on frappait l’un contre l’autre (toujours des os !)… Et si vous voulez juger par vous-même, la bonne nouvelle c’est que ça marche même si vous êtes encore vivant et en un seul morceau…

Essayez donc pour voir :

  • Chantez un son, n’importe lequel… et mettez doucement votre main sur le devant de votre cou : vous sentez la vibration ? > ok !
  • Alors maintenant, recommencez mais mettez doucement vos doigts sur votre nez ou sur vos pommettes : ça vibre toujours ? > Je vous l’ai dit, c’est normal : ce sont des os, des cartilages et leurs molécules ont un fort pouvoir vibratoire…
  • Donc cette fois, recommencez et mettez vos mains sur l’arrière du crâne : vous sentez quelque chose ? Et sur la poitrine ? et dans le dos ? et au niveau du bassin ? dans votre colonne vertébrale ?

> En théorie, comme ce sont toutes des parties osseuses, ça devrait marcher tout pareil. Cela dit, dans la pratique… c’est peut-être plus difficile ! De fait, beaucoup de personnes ne sentent pas de vibrations dans les dernières zones que j’ai proposées. Pourquoi ?

La vibration et la posture.

… eh bien, le problème (si on peut dire) c’est que nous ne sommes pas qu’un tas d’os parfaitement empilés, comme un château de cartes : nous avons aussi des muscles qui, lorsqu’ils se contractent, peuvent faire bouger notre squelette. C’est très pratique, on ne va pas s’en plaindre ! Mais le truc, c’est que si vos muscles se serrent autour de vos os, ils les empêchent, au passage, de vibrer : leur contraction immobilise la matière et bloque alors la vibration et sa transmission (et ça, pour le coup, c’est pas le top pour les musiciens !).

Or quand est-ce que les muscles peuvent se serrer autour de vos os ? Quand vous êtes stressé, crispé, fatigué, c’est sûr… mais aussi quand vous avez une mauvaise posture !!! Ce qui veut dire que travailler la détente à l’instrument, c’est super, c’est important… mais ce n’est souvent pas suffisant !

Prenons un exemple : si votre tête est déséquilibrée vers l’avant (et “déséquilibre”, ça veut bien dire qu’on a perdu l’équilibre, qu’on a perdu l’alignement des vertèbres empilées les unes au dessus des autres), il faut bien que des muscles la retiennent de tomber et de vous entrainer dans sa chute, non ? Or, pour ça, ils compensent comme ils peuvent : en se contractant !

Donc on peut bien se dire “je dois me détendre, je dois me relâcher, me relaxer”, ça ne PEUT PAS fonctionner !!! Tant que la tête ne revient pas dans l’axe et que les vertèbres ne retrouvent pas leur position naturelle, votre cerveau, bien heureusement d’ailleurs, ne lâchera pas l’affaire !

De la qualité de la vibration.

D’abord, une conclusion : qualité vibratoire et posture marchent main dans la main… et comme la qualité vibratoire est à la source de la musique, la posture de votre corps joue également un rôle majeur dans votre avenir de musicien.

Ensuite, une illustration : ici, j’ai filmé un très bref moment de cours de chant pour vous montrer l’interaction posture-vibration, et l’évolution vibration-musique… (et j’ai la même expérience (en vidéo dans la formation Niveau 1 des Clefs du Solfège) avec une flûtiste et une guitariste !)

En fait, on vous a peut-être déjà dit (car c’est une image très utilisée) que l’instrument doit être pensé comme le prolongement du corps de l’instrumentiste. Eh bien, c’est vrai, mais j’avoue que moi, je dirais bien aussi l’inverse : que c’est aussi l’instrumentiste qui est un des prolongements de l’instrument ! Par son contact physique direct avec l’objet qui vibre, il est, de fait, un maillon (ou un obstacle !) déterminant pour la connexion des vibrations dans l’environnement.

Vibrations : à vous de jouer !

Prêts pour un petit programme d’expérimentations ?

Parce que voilà, au final, ce que vous pouvez faire :

Observez-vous, observez les postures que vous utilisez selon les activités que vous faites :

  • est-ce que cela implique de la force musculaire ?
  • Un déséquilibre du squelette ?
  • Et quand vous ne “faites rien”, êtes-vous bien aligné ?

Maintenant, quand vous faites votre musique :

  • quelle posture utilisez-vous ?
  • Est-ce que vous pouvez vous rendre disponible à la vibration que produit votre instrument ?
  • Est-ce que vous ressentez entièrement toutes les vibrations que produit votre instrument ?
  • Et d’ailleurs, est-ce que votre posture permet ce contact ?

Au final, après toutes ces expériences, qu’est-ce que ça change ?

Partager l'article :