Pourquoi / Comment travailler la musique avec régularité ?

15 janvier 2022 2 Par Sophie M.

Ça y est, lundi 27 septembre 2021, normalement, vous êtes inscrit au cours de musique ! Youpiii 🙂

Je sais, je sais… peut-être PAS à du SOLFÈGE, mais au moins à de la pratique instrumentale, non ? Et là, tout de suite, je ne doute pas que vous débordiez de motivation et d’envie de bien faire ! Je connais, je suis pareille !

Mais voilà que je vais faire mon oiseau de mauvais augure et vous mettre en garde que… d’ici quelques semaines, malgré votre détermination, tout cet enthousiasme pourrait bien retomber comme un soufflé et vous pourriez trouver difficile de dégager du temps pour vous entrainer. Oh… rien d’incroyable : juste la vie quotidienne qui nous occupe déjà beaucoup (parfois un peu trop, il faut bien l’avouer)… !

Alors, pour cette fin de mois de septembre, je vous propose quelques conseils (et leurs explications) pour tenir vos objectifs musicaux dans la durée !

Les grands conseils qu’on entend tout le temps :

Partons de ce que vous avez sûrement déjà entendu :

  • il faut travailler tous les jours, quitte à ce que ce soit peu : c’est plus efficace que de travailler longtemps mais une seule fois dans la semaine. C’est la régularité qui compte !
  • on doit travailler concentré, quitte à faire moins longtemps : c’est plus efficace que de travailler des heures, mais en pensant à moitié à autre chose. C’est la qualité qui compte !
  • il est nécessaire de travailler intelligemment, quitte à faire des exercices qui semblent plus faciles : c’est plus efficace que de travailler des trucs compliqués mais comme un robot mécanique. C’est la conscience de ce qu’on fait qui compte !
  • il est utile de travailler à heures et jours fixes plutôt que de travailler « quand on peut » en fonction du créneau disponible au jour le jour : c’est le rituel qui compte !

Ouais, ouais… On sait tout ça, on le comprend aussi, mais ce n’est pas pour autant qu’on le met en pratique !

Alors zouuu ! Changeons cela, et pour ce faire :

1) je vous explique les raisons profondes (« scientifiques ») de ces conseils ;

2) je vous propose des astuces pratiques pour réussir à finalement les appliquer au quotidien

Let’s go !

La science derrière les conseils

Le vrai bosseur : le cerveau !

Le premier truc à comprendre c’est que, dès qu’il s’agit d’apprendre quelque chose de nouveau, nous avons tous facilement tendance à oublier une chose :

même si, pour certains points, on peut constater nos progrès par des actions musculaires extérieures (comme lorsqu’on pense que ce sont les doigts qui arrivent à jouer une gamme de Ré Majeur, ou les yeux qui réussissent à lire en clef de FA, ou les cordes vocales qui décident si on chante juste,…), en réalité, le seul et unique muscle à l’origine de tout cela, à l’origine de tous les autres muscles, ça reste notre cerveau et son fonctionnement !

Et quelle discipline s’occupe, entre autres, d’étudier le fonctionnement de cet organe essentiel ? La « psychologie » ! Vous allez voir, ce n’est pas abstrait ou fumeux : je vais vous parler du rapport entre vos activités musicales et nos différentes formes de mémoire !

Activités musicales ?

Oui, car même si on ne veut devenir « que » pianiste, ou « que » guitariste (dans le sens où on se dit qu’on se fiche de la théorie, du solfège et compagnie, parce qu’on veut juste « jouer »), c’est quand même et toujours une histoire de développer différentes capacités très variées :

  • des capacités motrices : on a des « gestes » à faire pour matérialiser, réaliser la musique… que ce soit directement sur l’instrument, ou à l’aide de mouvements moins spécifiques, comme en solfège quand on frappe les rythmes sur la table, qu’on montre la hauteur des notes avec la main, etc…
  • des capacités intellectuelles : même quand on décide de faire le minimum en terme de « théorie musicale », on a quand même toujours des choses à comprendre et à apprendre, à l’aide de son intelligence et de sa réflexion : s’approprier les notions de demi-tons, de gammes, de tonalité, d’intervalle, de tempo, ou même juste utiliser le vocabulaire adapté, ça concerne n’importe quel musicien, dans n’importe quel style de musique, et ça se fait obligatoirement un minimum « avec la tête » !
  • des capacités de discriminations sensorielles : whouahhh, la super expression qui fait peur ! Mais en fait, ça veut juste dire « apprendre à décoder ce que reçoit notre corps (les oreilles, la vue, le toucher) »… Sentir si une note est plus aiguë que la suivante, respirer en harmonie avec ses partenaires, comparer la vitesse des pulsations, sentir les touches de l’instrument sous ses doigts, évaluer la distance qui sépare deux hauteurs, etc… 
  • et enfin, des capacités d’associations : parce que c’est bien beau de développer les 3 capacités précédentes (motrices, intellectuelles et discriminations sensorielles) mais le boulot, au final, c’est surtout d’être capable de les mettre en lien, de les faire se correspondre… comme lorsque qu’on lit une série de notes sur une portée et qu’on est capable d’entendre la mélodie dans sa tête à l’avance, comme lorsqu’on sait qu’il faut jouer en Si mineur et que les doigts appuient sur les bonnes touches, etc…

Ok, si ça c’est clair, continuons !

Le truc, c’est que chacune de ces capacités nécessite un traitement particulier dans le cerveau, qui donne lieu à un type de mémoire spécifique… avec ses avantages et ses inconvénients !!!

> Pour l’instant, je vous propose de nous occuper des deux mémoires les plus faciles à appréhender et à expliquer (dans un sens, ce sont aussi les plus essentielles…) : celle dont on se sert pour les capacités motrices, et celle qu’on utilise pour les capacités intellectuelles.

LES CAPACITÉS MOTRICES :

> avantage, elles sont très stables et globalement très fiables !

Exemple : si vous savez skier, même si vous ne pouvez pas pratiquer pendant 11 mois sur 12, ça revient sans problème l’hiver suivant (enfin, moyennant quelques courbatures, mais ça c’est une autre histoire) ! Même si vous avez été malade et alité plusieurs jours, vous n’oubliez pas comment on fait pour marcher ! J’ai vu des adultes ne plus savoir jouer du piano après 20 ans d’arrêt, SAUF quand il s’agissait de l’unique morceau qu’ils avaient appris étant ado ! 

La mémoire motrice (de son vrai petit nom : la mémoire procédurale) est la plus solide de nos mémoires.

> Par contre, attention ! Cette mémoire-là se construit, petit à petit, sur le long terme, au fur et à mesure des répétitions !!!

Imaginez une jungle : vous voulez aller à la cabane du Grand Chef, quelque part là-bas… Au départ, vous ne savez même pas par où passer, d’autant plus qu’il n’y a encore aucun chemin alors c’est la lutte à chaque nouveau pas pour se frayer un passage… Et puis au bout d’un moment, ça y est, on commence à voir une trace, un début de petit sentier. Oui : à chaque fois que vous faites et refaites le trajet, ça crée une empreinte, un passage, et plus vous repassez par le même endroit et plus le sentier s’élargit… jusqu’à devenir, si besoin, une autoroute ! 

Exemple : êtes-vous capable de bouger vos orteils de pieds individuellement, sans que les autres ne bougent ? Allez-y, essayez ! Ne vous contentez pas de me lire et de me croire sur parole !

Moi, j’ai tenté, et la réponse est non ! Remarquez : ce n’est pas que ça ne soit pas possible !!! C’est que je n’ai jamais répété cette action, donc je n’ai créé aucun circuit dans mon cerveau (aucun sentier dans la jungle) qui corresponde à cette « commande » : la mémoire motrice de mes orteils est vide, vierge, inexistante ! (et en même temps, je dois avouer que ce n’est pas une compétence qui sert beaucoup dans la vie mais bon, c’est pour le principe !) ;-))

Est-ce que vous comprenez maintenant ce qui se passe quand vous voulez apprendre à jouer un morceau ? Vous cherchez à créer un nouveau chemin clair et net dans la jungle de vos neurones… ! Or, quelle différence cela fera-t-il au bout de 7 jours si vous passez 4 fois sur le sentier le lundi, puis plus rien de toute la semaine, ou si vous passez seulement 1 fois sur le chemin par jour mais TOUS les jours de la semaine ?

Tous les gens à qui j’ai posé la question m’ont répondu comme une évidence que le chemin sera plus marqué, plus dégagé si on passe tous les jours.

Bref, au cas où ce serait nécessaire d’enfoncer le clou un peu plus, j’espère que vous voyez maintenant pourquoi, quel que soit votre objectif musical, une fois que vous savez ce que vous voulez, vous avez tout intérêt à travailler très régulièrement (idéalement tous les jours !) quitte à ce que ce soit peu (ou moins que ce que vous voudriez) : c’est toujours plus efficace que de travailler beaucoup, mais une seule fois de temps en temps.

Pour beaucoup d’élèves, il faut donc changer une croyance limitante qui consiste à penser que si on ne s’installe à sa musique que pour 10 ou 15 minutes, ça ne sert à rien… Non ! Si vous utilisez intelligemment ces 10 ou 15 minutes, cela peut être tout à fait suffisant puisque, n’oubliez pas :

une fois que l’action sera intégrée, ce sera solide, mais pour l’installer, ça demande de créer le chemin, créer la connexion, par de la répétition sur le LONG TERME !

LES CAPACITÉS « INTELLECTUELLES » (les informations)  :

> avantage : ça va super vite ! Si c’est bien expliqué, la compréhension et l’utilisation sont instantanées (autant dire que c’est l’opposé des capacités motrices) !

Exemple : je vous montre une clef de sol et une clef de fa, et je vous explique comment reconnaitre l’une de l’autre… bah, avant, vous ne le saviez pas, mais maintenant, après quelques secondes seulement, c’est bon, vous le savez !

> Par contre, attention ! Cette mémoire là est très, TRÈS fragile… C’est M. Ebbinghaus qui, le premier, a montré que si on ne ré-active pas la connaissance, on en perd déjà 20% au bout de seulement 10 minutes !! Au bout d’un jour sans avoir révisé, c’est 60% de perdu, et au bout d’une semaine, 80% d’oublié !!! (On appelle ça la « courbe de l’oubli ») C’est FOU, non !!?

Exemple : une fois que l’élève a découvert la clef de sol et la clef de fa, je lui repose la question 10 minutes plus tard pendant le cours… eh bien, une fois sur deux, il ne sait plus, et à tous les coups, au minimum, il hésite ! Et à la leçon de la semaine suivante, s’il n’a pas travaillé, il faut repartir de zéro.

Mais ça ne concerne pas que la musique ou l’apprentissage en général. Êtes-vous déjà allé faire une visite guidée d’un château, ou un tour dans un musée avec des explications ? Moi, à chaque fois, c’est pareil : sur le coup je me dis « wouah ! c’est super intéressant ! Faut que je raconte ça à Momo !!! ». Et le soir, quand j’appelle Momo, je lui dis, effectivement, que c’était super intéressant mais quand je veux expliquer pourquoi, vous pouvez être sûr qu’il y a beaucoup de « zut, je ne me rappelle plus exactement mais en gros ça voulait dire … enfin, c’est pas tout à fait ça, mais… ».

Bref, est-il vraiment besoin de rappeler pourquoi, en conséquence, il va falloir, encore une fois, faire preuve de répétition pour retenir quelque chose (que ce soit du vocabulaire musical, la logique d’une mélodie, ou que sais-je…) ? Même si, c’est vrai, cette fois, ce ne sera pas pour « construire la mémoire », ce sera pour la ré-activer !

Pour info, apparemment l’idéal serait de revenir sur la connaissance en question

  • après 10 minutes « d’autre chose »,
  • puis après quelques heures le même jour, encore une fois 24 heures plus tard,
  • puis de nouveau au bout de 3 jours…
  • et ensuite, de temps en temps, mois après mois.

C’est ce qui explique une nouvelle fois le « travaillez très régulièrement (idéalement tous les jours !) quitte à ce que ce soit peu (ou moins que ce que vous souhaiteriez). C’est toujours plus efficace que de travailler beaucoup mais une seule fois de temps en temps. »

Cela étant dit, quand il s’agit de connaissances-notions, type « informations »,

> trois paramètres viennent accélérer ou ralentir ce processus d’effacement :

1/ Il y a d’abord la dose d’informations reçues sur un temps donné : 

plus il y a d’informations en une seule fois et moins on arrive à en retenir ! C’est bizarre, c’est même frustrant dans un sens, car quand on est motivé, on a envie d’y passer des heures… instinctivement, on se dit même que plus on y passe de temps, plus on en fait et plus on progressera vite 🙂 (enfin en tous cas, moi, c’est sûr que c’est comme ça que je sens spontanément les choses) Sauf que, finalement, contrairement à ce qu’on peut imaginer… ce n’est pas le plus profitable pour avancer ! 

Faire peu, se limiter ! Argghhh… Mais choisir ce qu’on fait et le faire bien ! 

2/ Rajoutez à ça un autre paramètre très important : la « profondeur de traitement »… 

Oh, allez, pour un terme technique, je trouve qu’il est quand même plutôt parlant : en gros, plus on met du sens à ce qu’on apprend, plus on crée du lien entre ce qu’on sait déjà et le nouveau truc qu’on veut retenir, et plus ça s’inscrit « profondément » en nous… ce qui aide à limiter les pertes d’un côté, et accélère la ré-activation de l’autre 🙂

Exemple : lorsqu’on demande à des cobayes d’apprendre des suites de syllabes qui ne veulent rien dire, on constate que la difficulté d’apprentissage est grande, même à très court terme, et la courbe de l’oubli encore plus vertigineuse que d’habitude ! Par contre, si vous devez retenir que le FA se lit sur la 4e ligne de portée quand on est en clef de Fa… et que cela déclenche tout de suite un tas d’associations (« ah oui, normal, les deux petits points de la clef de Fa entourent la ligne du fa…, d’ailleurs c’est le même principe avec la clef de Sol, c’est ce qui explique leur nom,… oh mais au fait, ce dessin je l’ai aussi dans le morceau que je dois jouer, … etc, etc…), alors l’information est enregistrée dans un réseau d’indices qui lui permettra de tenir plus facilement et plus longtemps dans votre mémoire (jusqu’à ce que ce soit définitivement acquis) :-))

3/ En parallèle, n’oublions pas que les conditions d’apprentissage influencent aussi grandement cette profondeur de traitement : on sait par exemple que plus l’information est associée à un état émotionnel fort et plus elle sera ancrée.

Exemple : « non mais je m’en souviens parce que, justement, je ne m’y attendais pas du tout et ça m’a tellement étonnée que je n’en croyais pas mes oreilles ! » « ah bah ça, je m’en souviens ! Ça m’a marqué : c’était tellement drôle ! »… Y a plus qu’à faire preuve d’un peu d’imagination pour associer l’apprentissage de la clef de fa à quelque chose de drôle 😉

Bref. J’espère que maintenant vous penserez tout de suite à la question de la profondeur de traitement quand vous entendrez qu’on doit travailler concentré, quitte à faire moins longtemps : c’est plus efficace que de travailler des heures, mais en pensant à moitié à autre chose. C’est la qualité qui compte !  Ou encore qu’on vous dira qu’il est nécessaire de travailler intelligemment, quitte à faire des exercices qui semblent plus faciles : c’est plus efficace que de travailler des trucs compliqués mais comme un robot mécanique. C’est la conscience de ce qu’on fait qui compte ! » 

Conclusion étape :

Alors ? Maintenant que vous avez lu cette première partie, comment vous sentez-vous ? Définitivement prêt à appliquer ces conseils au quotidien ? …ou découragé en vous disant que, du coup, ce que vous faites ne sert à rien ??

Si, malheureusement, vous vous sentez découragé, pas de panique ! On continue dans la suite de cet article avec des astuces-conseils pour vous aider à mettre tout ça en place, pour de vrai, dans votre vie de tous les jours…

Mais avant ça, je voulais juste vous faire remarquer qu’en ce moment (ce que vous avez sûrement déjà pu constater), c’est la grande mode des coachs ! Par contre, ce que vous ne savez peut-être pas, c’est que leur phrase préférée est la suivante :

on sur-estime toujours les résultats qu’on peut atteindre à court terme,

alors qu’à l’inverse,

on sous-estime largement les réussites qu’on peut obtenir à long terme

Une image souvent utilisée pour illustrer cette réalité est celle d’un navigateur en mer qui part pour une traversée de centaines de kilomètres. S’il dévie, jour après jour, d’un seul degré, où croyez-vous qu’il arrivera à la fin ? Et pourtant, si on regarde uniquement la différence obtenue à l’échelle de 24 heures, on pourrait vraiment se dire que c’est ridiculement sans importance, non ?

Ce que ça veut dire pour vous ? Que le plus souvent, nous nous mettons des objectifs là où ils ne sont pas forcément les plus efficaces, que nous déprécions facilement les petites actions quotidiennes que nous réussissons, alors qu’encore une fois, il serait très profitable de changer de “mindset” (un mot très en vogue actuellement… et qui veut juste dire “état d’esprit”, “façon de voir les choses”;-))) : faites peu, mais ciblé, concentré, régulièrement !

“Trucs et astuces” pour passer à l’action !

Ok ! Maintenant, tout ça, c’est super, mais c’est peut-être un peu trop “dans la tête”. Je l’ai dit, ça compte bigrement !!! Mais enfin, pour autant, ce n’est pas toujours suffisant !

Voici donc quelques astuces que j’ai imaginées et/ou expérimentées pour s’assurer de passer à l’action !

Astuce 1 : S’organiser pour ne pas avoir à se poser de questions !

Saviez-vous que faire un choix, aussi minime soit-il, coûte plus d’énergie à notre corps et notre cerveau que de suivre aveuglément une habitude ? Oui, même décider d’aller se coucher alors qu’on est fatigué… cela représente une déperdition de carburant, qui (si on est déjà un peu en manque) peut nous empêcher de passer à l’action (et c’est comme ça qu’on reste devant la télé alors qu’on est crevé !)

Alors imaginez un peu s’il s’agit de choisir entre faire sa séance de piano ou… aller faire les courses ! Refaire une fois sa gamme de Mi b ou… se poser devant Netflix ! D’ici quelques semaines, quand votre quotidien aura commencé à user vos batteries, ce genre de dilemme risque de ne pas tourner en faveur de la musique.

D’où, pour commencer, avant toute chose, le petit conseil dont on n’a pas encore parlé la dernière fois : installer des rituels, travailler à heures et jours fixes plutôt que de travailler « quand on peut » en fonction du créneau disponible au jour le jour !

Exemple : Si vous mettez tous les jours votre réveil matin à 6h, avez-vous la moindre hésitation au moment où il sonne ? Non ! Ça ne veut pas dire que vous allez bondir tous les jours de votre lit comme un ressort (avouons-le, parfois même, on traîne carrément des pieds), mais le fait que ce soit une habitude rend l’action plus facile : au moins, vous ne vous posez pas de questions !

> L’idée, c’est donc de faire pareil avec vos moments de musique :

Faites votre emploi du temps de la semaine, prenez en compte les moments où vous êtes à plat, les moments où il faut gérer les devoirs ou les enfants, le fait que vous ayez envie de regarder un film de temps en temps, ou que sais-je, et en fonction de tous ces paramètres, calez aussi vos (petits et réguliers !!) créneaux d’entrainement musical à la maison !

Ensuite ? Vous ne vous posez pas de question : vous l’appliquez, vous y allez… ça ne veut pas dire que vous aurez tous les jours un enthousiasme débordant à l’idée de vous y mettre, ça ne veut pas dire non plus que chaque séance de travail personnel sera d’une qualité incomparable,…  Tant pis ! Ces jours-là, faites-le quand même : au minimum, ça ancre une habitude (y compris auprès de votre famille !!! … qui va apprendre à vous laisser tranquille pour ce petit moment réservé perso) et ça vous déleste ainsi d’une charge mentale. Au final, même les « mauvais jours », il y a de grandes chances pour que vous vous sentiez mieux APRÈS qu’avant (et quand ça fait du bien, c’est toujours bon à prendre !), vos mémoires auront quand même continué à se construire ou à être ré-activées (merci pour les progrès) et tout ça reste le meilleur moyen d’entretenir sa motivation et son endurance ! :-)) 

Sans compter qu’heureusement (!!!), il y aura aussi et souvent des “bons jours” 😉 et là, quelle satisfaction, quel plaisir, quelle énergie… !!!

ASTUCE 2 : Valoriser le travail réalisé.

Humm… très important ça ! J’ai constaté qu’en fonction de nos humeurs, nous n’avons pas une représentation très réaliste de l’état d’avancement de notre chemin dans la jungle de nos neurones ! Je veux dire que, certains jours, c’est inévitable, on se désespère parce qu’on a l’impression qu’on n’en fait pas assez, que ça n’avance pas, ou même qu’on n’est pas fait pour la musique (alors que ce n’est pas vrai du tout, c’est juste que dès qu’on progresse, on se fixe un nouvel objectif qui, bien sûr, se trouve encore un cran plus haut…)… bref. Il y a des moments comme ça, où ce n’est pas la joie, où on voit tout en noir et forcément, ces jours-là, la télé semble plus réconfortante que de s’asseoir à son instrument (ou pire, ouvrir une page d’entrainement à la lecture de notes) !

Alors pour prévenir (et guérir aussi) ces moments douloureux (et, je le redis, pas du tout représentatifs de la vraie réalité), je vous propose de matérialiser votre travail par des signes extérieurs bien visibles, avec ces deux astuces complémentaires.

1 : mettez un minuteur et, à chaque tranche de 12 minutes de travail de qualité, mettez, dans un bocal réservé à cet effet, 1 bonbon, ou 1 grain de riz, ou 1 perle, ou 10 centimes… bref, 1 truc que vous aimez ou que vous trouvez joli.

*Le choix d’une tranche de « 12 minutes » comme durée de référence, c’est parce que si vous ne travaillez « que ça » (…que vous ne faites qu’une seule tranche de 12 minutes d’entrainement – ce qui est possible), alors se limiter à 10 minutes, c’est un peu trop court pour rentrer dans un travail de qualité, mais pousser à 15, ça peut déjà paraitre un peu trop pour avoir le courage de s’y mettre. Cela étant dit, vous pouvez modifier cette durée selon vos propres limites, en ne descendant pas en dessous de tranches de 8 minutes de travail, et en ne montant pas au dessus de tranches de 20 minutes (si vous faites 25 minutes par exemple, mieux vaut compter 2 tranches de 12).

*si vous voulez rendre votre « bocal à travail » encore plus précis et représentatif, mais avec un système de comptage plus complexe, vous pouvez aussi adapter les règles en prenant en considération la courbe de l’oubli : par exemple, on peut décider que si vous travaillez la même notion deux jours de suite, alors vous mettez 2 bonbons dans votre bocal le 2e jour (au lieu d’un seul) pour une seule tranche de travail de 12 minutes ! Pourquoi ? Parce que la ré-activation de ce que vous avez fait la veille compte pour “plus” dans vos progrès… Alors que si, par contre, vous reprenez une notion que vous n’avez pas travaillée depuis plus de 3 jours, vous ne mettez aucun bonbon dans votre bocal pour la 1ère tranche de 12 minutes de travail. Pourquoi ? Parce qu’après 3 jours, vous repartez (presque) à zéro. Vous voyez l’idée ? Mais bon, honnêtement, trouvez surtout un système qui vous parait très SIMPLE ! c’est le meilleur moyen de le mettre en oeuvre dans la durée !

Bien entendu, mettez le « bocal à travail » à un endroit où vous pourrez l’observer quand vous travaillez votre musique ! Il faut que cela vous inspire ! Vous allez ainsi voir se constituer sous vos yeux la preuve de vos efforts, un truc concret qui vous rappelle l’importance et la qualité de votre investissement… quelque chose que vous pourrez même montrer à vos amis avec fierté !

Et puis… et puis le jour où vous atteignez un de vos objectifs (jouer un nocturne de Chopin, ou jouer votre morceau devant vos amis)… ou le jour où vraiment vous vous sentez fier de vous, bref, le jour où vous faites un truc qui restera gravé dans votre mémoire comme un réussite ineffaçable, eh ben… “vous cassez la tire-lire” : vous mangez vos bonbons, ou vous vous payez un truc sympa avec vos 10 centimes, vous vous faites un collier de perles… : vous CÉLÉBREZ :-))

2 : En complément (et les deux sont nécessaires car ils ne soignent pas les mêmes symptômes), le 1er de chaque mois, enregistrez votre séance de travail, quelle qu’elle soit, et conservez-la précieusement dans un fichier que vous pourrez facilement retrouver ! Une fois que c’est fait, et seulement après avoir fait cet enregistrement, ré-écoutez l’enregistrement d’il y a 2 mois (voire, quand vous l’aurez fait plusieurs fois, celui d’il y a 6 mois, ou 1 an)… 🙂 Vous verrez, ça remet vos progrès en perspective et ça fait beaucoup de bien au moral !

P.S. 1 : notez à l’avance dans votre agenda le jour où vous allez enregistrer votre séance de travail sinon, à tous les coups, vous allez oublier !

P.S. 2 : ce n’est pas parce que vous vous enregistrez qu’il faut vous mettre la pression à faire un truc “différent de d’habitude”, essayer de faire “parfait” ! Vous n’êtes pas en train d’enregistrer un disque, vous n’êtes pas en train de passer un concours ou un examen, vous êtes juste en train de prendre une “photo” de là où vous en êtes, grosso modo, à cet instant précis… !

ASTUCE 3 : créer un réseau musical-amical pour vous soutenir.

Dernière astuce, et pas des moindres : pourriez-vous intégrer votre entourage proche (la famille, les amis…) à votre pratique, de sorte qu’ils soient, eux aussi, à leur façon, partie prenante de vos entrainements ? Est-ce que ça n’aiderait pas à pratiquer régulièrement et sérieusement ? … à maintenir votre énergie et votre motivation ?

Je m’explique. Imaginez qu’à la fin de chacun de vos quarts d’heure de répétition, vous invitiez votre petit de 3 ans à un « mini concert » où vous jouez (vous lui offrez) les 2 mesures, les 6 mesures, le morceau que vous venez de travailler. Vous pouvez même sortir le grand jeu pour lui montrer l’importance que vous accordez à ce moment de partage : mettre un collier ou un chapeau spécial, saluer sous ses applaudissements avant de commencer, annoncer le « titre » (ou de ce que vous allez faire), et puis, bien sûr, interpréter la musique, où vous vous donnez à fond ! Je connais plusieurs jeunes mamans pour qui ça marche d’enfer ! Qui sait si, après quelques jours, ce n’est pas votre enfant qui vous réclamera « maman, va faire ton piano, on veut un petit concert ! » ;-))

Mais vous pensez bien que, dans ce genre de démarches, on a pour limite les seules bornes de son imagination, conjuguées aux goûts particuliers de ceux qui partagent nos vies  ! 

En ce qui me concerne, par exemple, ma fille me réclamait que je travaille mon piano au moment de s’endormir le soir, pour « m’entendre » et « se détendre ». Quand j’étais plus jeune, avec ma mère, c’était plutôt des rendez-vous hebdomadaires pour faire du 4 mains… et même si on massacrait ces pauvres « pièces faciles » de Diabelli, on était toutes ragaillardies de ces moments ensembles, prêtes, ensuite, à se donner de nouveau à fond sur les gammes et les arpèges en cours d’apprentissage.

Mais bon, on peut envisager tellement de façons différentes d’intégrer sa famille et/ou ses amis… : votre conjoint qui vous fait la commande de sa chanson préférée, l’occasion d’un dîner amical pendant lequel votre nouveau morceau accompagne le dessert, une copine qui vient assister à votre leçon de musique, votre ado à qui vous demandez conseil sur votre interprétation…

En fait, j’ai constaté que beaucoup de personnes sont sensibles à la musique, à défaut d’avoir envie de la pratiquer eux-mêmes… logiquement, beaucoup aiment donc ces moments de « mini-concerts ». Et c’est sans compter que l’un des grands GRANDS plaisirs des pratiques artistiques, c’est le partage !!! Que ce soit parce qu’on donne à un « public » (ou qu’on reçoive, en tant que public), ou parce qu’on crée ensemble… ces moments de connexion, de… communion, ce sont toujours des super régénérateurs de batteries : tout le monde adore !

En voilà une bonne nouvelle, non ? Une bonne occasion de transformer nos préjugés actuels (vous savez ? quand on estime que nos temps de pratique musicale sont forcément en opposition aux autres temps de notre vie !) et de les remplacer par une autre vision des choses beaucoup plus agréable : nous pouvons être un « déclencheur – connecteur » de plaisirs musicaux autour de nous :-)) *

* « mais, Sophie… avec mon niveau, comment veux-tu ? c’est irréaliste ce que tu dis ! …

Moi, ce n’est pas du tout un cadeau si je leur joue mon morceau 🙁 »

Non, non, non ! Quand on se juge soi-même, on est toujours extrêmement critique car on souffre d’un excès de conscience au sujet de la différence entre là où on voudrait être et là où on en est vraiment. Mais, puisque j’adore conclure les cours que je donne en demandant à l’élève de faire un « mini concert » à l’élève suivant, qui attend son tour, je peux vous assurer que j’expérimente ça plusieurs fois par semaine : les gens sont (quasiment à tous les coups) très touchés, très émus, très admiratifs de ce qu’ils entendent, malgré toutes les imperfections qu’on peut y trouver. Sincèrement, j’ai moi-même eu mes plus grands coups de foudre musicaux à l’écoute d’autres élèves qui, avec le recul, ne jouaient pourtant vraiment pas comme des pros ! Mais c’est ça aussi, la magie de la musique !!!

Enfin, n’oubliez pas que, surtout lorsqu’on débute (mais c’est vrai tout le temps), on croit toujours qu’on n’est pas normal et que les autres font mieux, sont mieux. Le prof peut bien nous dire que tout va bien, on ne le croit pas toujours…

Alors pourquoi ne pas intégrer un groupe de discussion entre apprentis musiciens ? Un endroit où on peut partager ses moments de doutes, ses difficultés… pour se rendre compte que les autres vivent la même chose et entendre qu’ils s’en sont sortis, et comment ?

Bref, ce que je propose dans cette astuce numéro 3, c’est de trouver des moyens de s’insérer dans un réseau humain sur qui  vous pourrez prendre appui dans vos moments de baisse de régime !

… et à ce titre, le groupe privé Facebook Les Clefs du Solfège / Sophie Magnes vous accueillera avec grand plaisir, même s’il est tout neuf et a besoin de démarrer !

Alors, pour finir :

Qu’en dites vous ? Maintenant que vous avez lu cette seconde partie, comment vous sentez-vous ? est-ce que tout cela vous semble réaliste ? Pensez-vous pouvoir mettre en place ces propositions ?

C’est vrai qu’on est dans une démarche de prévention ! Là, tout de suite, vous pourriez bien vous dire que, vous, ça ne vous concerne pas… Humm… franchement, si ça ne vous semble pas grand chose à mettre en place, alors « mieux vaut prévenir que guérir » : appliquez tous ces conseils dès aujourd’hui ! Cela vous sauvera probablement d’ici quelques semaines (ou quelques mois). Je vous le souhaite en tout cas.

Allez, allez, c’est l’heure de se quitter… sniff ! Mais n’hésitez pas à m’écrire : est-ce que cet article vous a été utile ? Est-ce un sujet qui vous concerne ? Avez-vous des astuces personnelles à partager pour rester régulier dans votre pratique ? Quelles sont vos questions actuellement ? …

> N’oubliez pas : derrière vos messages électroniques, derrière le site et les publications, je suis une « vraie personne » !!! 😉

En vous souhaitant beaucoup de plaisir et de progrès,

musicalement vôtre,

Sophie

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