Pourquoi avons-nous du mal à travailler régulièrement “notre musique” ?

22 août 2019 2 Par Sophie M.

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Pour progresser “en musique”, le gros défi sur lequel beaucoup se cassent les dents, c’est de travailler régulièrement. Pourquoi est-ce donc si difficile ?

Chapitre 1 – Les progrès et le découragement…

1 L’espoir et l’énergie de travail…

Notre psychologie est ainsi construite que nous réussissons à « faire des efforts » à la mesure des espoirs que l’on associe au résultat attendu. Ainsi, lorsqu’on se sent faire des progrès, lorsqu’on constate qu’on s’améliore, notre plaisir nous récompense et vient nourrir notre espoir que « oui », en travaillant on peut y arriver… ce qui nous donne l’énergie de refaire les exercices, de continuer à travailler, à apprendre.

Malheureusement, chez beaucoup d’amateurs (et encore très régulièrement chez les professionnels !), ce cercle vertueux peut se gripper !

Le problème ? Le décalage systématique (et parfois énorme) qu’il y a entre ce que le musicien imagine de la dose d’effort à fournir pour l’obtention d’un progrès… et la réalité !

2 – Pourquoi nous ne sommes pas capables d’évaluer correctement la dose de travail à fournir pour atteindre nos objectifs.

Mais pourquoi donc avons-nous tendance à sous-estimer la quantité et/ou la difficulté du travail à effectuer ? Parce que nous n’avons qu’une vision limitée des qualités exigées pour atteindre notre objectif.

> Explications : quand vous apprenez quelque chose de nouveau, sans même vous en rendre compte, vous vous servez de beaucoup de « petites briques » de compétences-connaissances déjà acquises… ou PAS !!! Or c’est selon la disponibilité et la solidité de ces petites briques que vous irez plus ou moins vite, que vous aurez plus ou moins besoin de travailler dur et/ou longtemps…

3 – Quelques exemples dans l’apprentissage de la musique :

  • pour avoir une lecture de notes fluide, cela présuppose d’avoir un regard large et posé… ! Est-ce que vous vous êtes jamais demandé si votre regard travaillait large et posé ???
  • Ou pour avoir une bonne pulsation, il est nécessaire d’avoir un bon ressenti de ses connexions sensorielles… ! Connaissez-vous quelqu’un qui s’interroge tous les matins sur la qualité de sa connexion sensorielle ???

Vous avez compris. Ce genre de compétences-connaissances se situe si profond au niveau de nos racines que personne, même pas vous, ne peut savoir à quel point elles sont développées… et à la suite, ne peut savoir à l’avance le temps que VOUS, et vous seul, allez mettre pour apprendre la lecture de notes ou développer votre sens du rythme : ces « petites briques » sont quasiment invisibles et presque toujours inconscientes ! Elles oeuvrent dans l’ombre, généralement sans que nous nous en apercevions.

4 – Pourquoi certains ont déjà “la musique dans la peau”…

Cette histoire de “petites briques” est d’ailleurs une partie de l’explication du mythe du « don naturel ». Celui dont on dit « qu’il a ça dans le sang » est surtout quelqu’un qui a, grâce à différents hasards, déjà intégré des manières de fonctionner utiles pour son activité…

L’inverse est tout aussi vrai. La vie, nos expériences, nos préférences sensorielles nous ont parfois donné des habitudes de fonctionnement qui ne sont pas du tout adaptées à notre objectif de musique… mais en faisant attention à cette part cachée et préalable à l’apprentissage, en explicitant et en travaillant ces petites briques qui permettent ensuite d’apprendre la musique avec les bons outils, on finit par y arriver 🙂

5 – Résumons nous :

Nous ne savons pas à l’avance si les briques de compétences-connaissances dont nous allons nous servir pour apprendre la musique sont déjà opérationnelles ou s’il faut les construire.

En conséquence, alors qu’on a un objectif très « simple » et compréhensible (apprendre à lire les notes de musique, apprendre à faire un rythme, jouer ce morceau, etc…), on se retrouve parfois avec des difficultés inattendues.

Le travail que l’on doit faire pour surmonter ces difficultés nous prend du temps, de l’énergie et semble éloigner notre rêve de réussite… ce qui peut malheureusement finir par nous décourager. Alors …

6 – En pratique, quelques conseils :

1) évidement en tout premier, dans la mesure du possible, essayez d’analyser, avec l’aide de votre professeur, si vous vous y prenez de la bonne manière, c’est à dire si vous avez et utilisez les bonnes « briques » préalables. Cela réduira forcément la quantité d’effort et d’énergie à fournir, et cela préparera la route pour continuer à progresser aussi loin que vous le voudrez. (Imaginez un nageur qui se met des poids au lieu de palmes au bout des pieds, ça vous illustrera le genre de handicap que vous vous mettez peut-être).

> Quelques exemples :

  • est-ce que vous apprenez par coeur un morceau parce que vous entendez sa musique (et non parce que vous repérez uniquement les touches sur le clavier ou l’instrument !) ?
  • Est-ce que, quand vous faites un rythme, vous le laissez envahir tout votre corps (au de lieu de limiter son ressenti à vos doigts et vos orteils) ?

2) lorsque vous vous attaquez à une nouvelle notion, un nouvel apprentissage qui vous mène un pas plus loin dans votre connaissance de la musique, ne vous projetez pas, ne partez pas avec des préjugés sur la facilité ou la difficulté de ce que vous avez à apprendre ; à la place, …

  • cherchez où est le plaisir du moment présent, là tout de suite (est-ce que ça vous calme ? Est-ce que vous trouvez ça beau ? Est-ce que ça vous amuse de relever le défi ?) ou, si vous n’arrivez pas à ressentir du positif à l’exercice, prévoyez une récompense à la fin de votre séance de travail pour vous féliciter du courage et de la détermination dont vous avez fait preuve.
  • fixez-vous un objectif pour la semaine uniquement : soit en terme de temps (j’en fais 5 minutes tous les jours, j’en fais 15 minutes 4 fois dans la semaine), soit en terme de qualité (j’en fais tant que je suis hyper concentré, attentif et content de le faire)… mais pas en terme de compétences…
  • parce que rappelez vous que quand on travaille, on progresse !
  • Et d’ailleurs, pour vous le prouver, mesurez objectivement vos progrès dans l’exercice travaillé (cherchez avec l’aide de votre prof ou d’un ami quels pourraient en être les critères). Pour cela, testez-vous toutes les 10 séances de travail environ sur le même thème, en sachant qu’il n’est pas conseillé d’avoir plus de 2 jours de pause entre deux séances de travail.

7 – “Le bonheur n’est pas une destination, c’est une façon de voyager”

En somme, cherchez à faire en sorte de profiter du voyage (« j’apprends ») pour nourrir votre plaisir à faire de la musique et votre plaisir à vous rapprocher de vos objectifs, plutôt que d’imaginer votre bonheur uniquement une fois arrivé à destination (« j’ai appris »)… C’est le meilleur antidote au “découragement” qui nous prend lorsqu’on se met à juger soi-même de son niveau (ou en l’occurrence de son “manque de niveau”).

… parce qu’en plus, si on y pense, est-ce que le jour où on n’a plus de progrès à faire existe seulement ??!

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