Comment bien appliquer le solfège à l’instrument ?

Comment bien appliquer le solfège à l’instrument ?

6 août 2019 0 Par Sophie M.

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La question est légitime : la première raison qui motive à faire du solfège est bien de servir pour l’instrument ! Mais… pour  beaucoup, ce n’est pas facile à mettre en oeuvre, pour de vrai, et c’est ce qui démotive le plus à travailler à s’investir dans cette discipline.

En route pour un petit tour d’exploration d’une série de paramètres qui rentrent en compte pour comprendre “comment bien appliquer le solfège à l’instrument” !

 

Dans cet article :

I – Musique, musicien et instrument…

Commençons donc par quelques petites mises au point simples, mais pas inutiles (!), en guise de préliminaires.

1 – Le musicien est un artisan dont l’outil principal est l’instrument de musique.

Le piano, le ukulélé ou n’importe quel instrument de musique est un outil qui permet de “donner chair” à la musique, de la rendre “palpable”… Ce que Mozart ou Beethoven avaient dans la tête était magnifique, mais sans les musiciens pour le “réaliser” sur leurs instruments, personne n’aurait jamais pu le savoir ! DONC : l’instrument est l’outil qui rend la musique “réelle”, c’est à dire “audible” et “sensible”.

Le musicien est donc un “artisan” qui utilise au mieux son outil pour fabriquer la plus belle musique possible… mais encore faut-il savoir “ce qu’on doit fabriquer” ! Et pour ça il faut savoir décoder et respecter le “plan” qu’on reçoit, c’est à dire, pour les musiciens : la partition ! C’est là qu’on arrive au solfège… et à la question posée par Vincent.

2 – Le paradoxe de la musique écrite.

Partition… oui mais, quand on y pense : peut-on transcrire le mouvement de la musique dans le monde fixe de l’écrit ? Car si on y pense, il y a quand même quelque chose d’incroyablement “bizarre”, presque absurde, dans le fait d’écrire la musique !

La musique est quelque chose de “vivant”, elle évolue d’instant en instant, c’est un “mouvement” dans “le temps qui passe”… alors que l’écrit est au contraire un monde “fixe”, “figé” et qu’on peut englober d’un seul regard presque instantanément…

Rajoutez que la musique est un ensemble de paramètres extrêmement riches et on comprend qu’il ait fallu une succession de supers “intellectuels” au fil des siècles pour réussir à coder toute la variété de la réalité musicale via un langage si éloigné de sa nature ! Et même si chacun d’eux a toujours cherché les correspondances visuelles les plus “logiques” et “représentatives” que possible, la partition reste malgré tout une imbrication d’indices abstraits : complètement déconnectés de la matière, c’est à dire des indices déconnectés de notre corps !

3 – Autrement dit…

Maintenant que nous sommes d’accord sur le fait que ce que nous appelons “musique” correspond à deux choses complémentaires (la musique “réelle”, “sensible”, qu’on ressent dans son corps et dans ses tripes, et sa transcription graphique, “abstraite”, qui correspond à un codage très intellectuel), quelle est donc la difficulté pour l’apprenti musicien ?

II – Apprendre la musique : apprendre à faire dialoguer son intellect et son corps.

1 – Ce que veut dire “faire dialoguer corps et intellect”…

Pensez au cliché de l’intello : il est maigre, pas sportif pour un clou et ne sait même pas se faire cuire un oeuf ! Le cliché du manuel étant bien évidemment l’inverse…

Vous y êtes : le problème, quelle que soit l’activité visée, est encore et toujours de réussir à faire dialoguer notre intellect et notre corps de façon équitable ! d’effectuer cette transformation de l’un en l’autre et inversement…

Comment bien appliquer le solfège à l’instrument ? Ma première réponse va peut-être vous décevoir et pourtant, je vous assure que ses implications sont sans fin :

tout élément de solfège que vous apprenez, que vous décodez, doit devenir une réalité dans votre CORPS et dans votre SENSIBILITÉ

  • avant même de vous mettre à l’instrument
  • et bien sûr, quand vous êtes à l’instrument aussi !

(l’inverse étant évidemment tout aussi vrai : tout ce que vous sentez, ce que vous réalisez à l’instrument doit être COMPRIS et analysé…).

“Ouais bof” me répondent certains ! “Franchement, c’est une évidence assez inutile à rappeler : comment apprendre le rythme autrement qu’en le tapant sur la table ou dans les mains par exemple ? Le corps est toujours et forcément impliqué !”.

Et non… contrairement à ce qu’on pourrait croire, très peu de personnes intègrent réellement les notions musicales dans leur corps. Oui, oui ! Je vous assure qu’après plus de 20 ans d’enseignement, l’intégralité de mes élèves (oui, 100% !!! et moi tout autant si je ne fais pas attention) font d’abord “semblant” d’utiliser leur corps.

Nous ne le faisons pas exprès évidemment et je vous expliquerai le comment et le pourquoi plus tard, mais pour l’instant, soyons simplement d’honnêtes observateurs : même lorsque l’apprenti musicien “utilise” son corps, dans l’immense majorité des cas, ça ne s’inscrit pas pour autant “dans sa chair”, ça ne mobilise pas la totalité de ses cellules, c’est une utilisation “de surface”… et c’est là que les ennuis commencent, voire que le solfège se transforme en cauchemar !

2 –  Testez le niveau d’intégration corporelle de votre solfège.

Soyons pragmatiques : est-ce que cela vous concerne ? Pour le savoir, faites les tests suivants :

     1/ est-ce que vous êtes capable de chanter seul (donc sans l’aide de l’instrument, sans fausses notes et sans hésitations) votre partition instrumentale ? Si vous jouez d’un instrument polyphonique (un instrument qui joue plusieurs notes à la fois comme le piano), faites le travail avec la ligne de main droite, puis la ligne de main gauche.

     2/ est-ce que vous êtes capables de jouer votre morceau tout en “marchant” les pulsations en MÊME TEMPS ? (Pour ce test, marchez sur place (c’est plus facile que de faire x fois le tour de votre chambre !); soulevez tout le pied, pas seulement le bout avant ou le talon, et alternez jambe droite jambe gauche; relâchez bien le bassin pour laisser le reste du corps contribuer à ce mouvement; vous pouvez faire l’exercice assis avec les mêmes consignes… et en prime, chuuuut, ça vous fera un peu d’activité physique ;-)))

=> Si ces deux exercices vous perturbent, vous gênent, vous font faire des fausses notes… désolée, c’est que votre musique n’est pas assez incarnée, c’est que vous n’êtes pas à 100% dans votre corps quand vous vous transformez en musicien et il y a une déperdition de votre “solfège” quand vous cherchez à l’appliquer à l’instrument.

III – Conclusion : comment bien appliquer le solfège à l’instrument ?

Alors ? Difficiles ces exercices ? Est-ce que cela vous a motivé(e) ou découragé(e) ? Est-ce que vous vous êtes dit que c’était complètement saugrenu ou qu’il y avait là un potentiel intéressant ? Parce que, soyons clair, même si ces exercices ne sont pas les plus traditionnels du marché, je suis loin, loin, loin… d’être la seule à les proposer et à être convaincue de leur utilité ! (et si ça vous intéresse, il y en a encore beaucoup d’autres dans le même genre !).

Pour conclure donc, je souhaiterais rappeler ce que les coachs ont l’habitude de dire que la réussite tient dans la combinaison d’une multitude de détails… Plus vous prenez soin de chacun d’eux, mieux vous réussissez. C’est pourquoi, si je veux être honnête vis à vis de vous et espérer que vous puissiez vraiment vous servir de ces articles pour saisir de réelles clefs de travail, il y a beaucoup de choses à expliquer au-delà de cette petite introduction à la question “comment bien appliquer le solfège à l’instrument”.

Je me permets donc de transformer cette dernière partie en une suite de liens qui vous mèneront vers des articles à part entière (loin d’être tous écrits !) et qui traiteront chacun d’un “détail” en particulier. Il n’y a pas d’ordre spécifique pour les découvrir, cela risque surtout d’être l’ordre dans lequel je les écris !

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